Dépistage du cancer du sein

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Le cancer du sein touche 1 femme sur 9 en France. Le nombre de nouveaux cas a doublé en 20 ans, tandis que le taux de mortalité a globalement diminué de 1,5 % par an, entre 2005 et 2012. Le dépistage du cancer du sein a pour objectif de diminuer cette mortalité en détectant précocement les lésions cancéreuses. Les campagnes dédiées au cancer du sein incitent les femmes à la prévention et au dépistage dès 50 ans.

Le dépistage organisé du cancer du sein

Dépister les femmes de 50 à 74 ans

Le dépistage organisé du cancer du sein s’adresse aux femmes âgées de 50 à 74 ans qui présentent un risque moyen de développer cette maladie, c’est-à-dire sans facteur de risque particulier, ni symptôme apparent. L’âge reste l'une des principales causes du cancer du sein, rappelons-le.

Ce programme national a été instauré sur tous les territoires français depuis 2004. Et en 2022, le taux de participation au dépistage organisé n'était encore que de 44,9 %.

À noter : sur la période 2021-2022, la participation au niveau régional varie de 21,2 % en Guyane à 55,3 % dans les Pays de la Loire, une participation très faible étant également observée en Ile-de-France, dans le Sud-Est et en Corse.

Il offre pourtant de précieuses garanties :

  • une double lecture de la mammographie ;
  • une formation continue spécifique de radiologues agréés ;
  • un suivi des résultats ;
  • une démarche d’assurance qualité (le matériel utilisé faisant l’objet de deux contrôles par an). Depuis 2008, la mammographie numérique remplace progressivement les installations analogiques sur tout le territoire.

Toutefois, l'intérêt statistique du dépistage de masse reste assez faible au regard de ses effets néfastes.

Un diagnostic précoce pour de meilleures chances de guérison

Détecté à un stade précoce (ce qui est le cas pour 6 femmes sur 10), le cancer du sein présente un taux de survie à 5 ans supérieur à 90 %. Le traitement proposé est d’emblée moins lourd et plus efficace.

Le dépistage organisé par mammographie permet une baisse de 15 à 21 % de la mortalité par cancer du sein dans la population cible.

Important : 7 % de cancers, sur 1 000 femmes détectées, ont été découverts en 2010, soit 16 000 cancers détectés au total pour cette même année.

La mammographie est gratuite dans le cadre du dépistage organisé

Tous les 2 ans, un centre de gestion spécial, piloté par l’Agence régionale de santé (ARS), envoie un courrier aux femmes concernées. Il les invite à se faire dépister chez un radiologue agréé de leur choix et leur fournit une liste de professionnels disponibles dans leur département de résidence.

Cette mammographie de dépistage est gratuite. Il suffit de présenter sa carte vitale et le bon de prise et charge au radiologue. C'est l'Assurance maladie qui réglera le centre directement.

Le dépistage du cancer du sein est pris en charge à 100 % pour les femmes les plus à risque, notamment en cas d'antécédent familial ou personnel, et pour les femmes de 50 à 74 ans.

Dès 25 ans, il est recommandé de faire effectuer tous les ans, par un professionnel de santé, un examen des seins (palpation).

Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2018, l'Assurance maladie prend en charge à 100 % une consultation unique de prévention des cancers du sein et du col de l’utérus pour les femmes de 25 ans (loi de financement de la sécurité sociale pour 2018).

La mammographie, l’examen de référence du dépistage

Mammographie numérique et analogique

L’appareillage se compose d’un générateur de rayons X de faible énergie et d’un système de compression du sein.

  • La mammographie analogique ou classique : produit une image imprimée sur un film argentique.
  • La mammographie numérique : construit l’image grâce à un ordinateur.

Comment se déroule une mammographie ?

L’examen dure 10 à 20 minutes pour le dépistage organisé. Il peut durer plus longtemps pour une mammographie de diagnostic, au cours de laquelle plusieurs clichés peuvent être effectués au lieu des 2 requis.

Les seins sont comprimés entre 2 plaques ce qui peut être légèrement douloureux. La compression dure 10 à 15 secondes par cliché. Chez les femmes non ménopausées, il est préférable de réaliser une mammographie durant les 10 premiers jours du cycle, car les seins sont moins sensibles.

Important : la veille et le jour de l’examen, il est recommandé d’éviter l’usage de crème sur les seins et de déodorant sous les aisselles, pour ne pas gêner la lecture et la réalisation des clichés.

Comprendre les résultats recueillis lors de la mammographie

La mammographie est l’examen radiologique de référence des lésions du sein. Elle permet de repérer des petites tumeurs localisées, sans atteinte ganglionnaire, au pronostic très favorable. Dans le cadre du dépistage organisé, 2 clichés par sein sont effectués, un de face et un oblique. Les images obtenues sont ordonnées en fonction de leur degré de suspicion de malignité, selon la classification de l’American College of Radiology (ACR) :

  • ACR 0 : investigations complémentaires nécessaires ;
  • ACR 1 : mammographie normale ;
  • ACR 2 : anomalie bénigne, ne nécessitant ni surveillance ni examen complémentaire ;
  • ACR 3 : anomalie probablement bénigne, pour laquelle une surveillance à court terme est conseillée ;
  • ACR 4 : anomalie indéterminée ou suspecte ;
  • ACR 5 : anomalie évocatrice de cancer.

La mammographie peut être complétée par une échographie afin de mieux déterminer la nature d’une lésion, surtout si la densité mammaire est importante.

À noter : le diagnostic de cancer du sein sera toujours confirmé par une biopsie. Elle sera systématiquement réalisée pour des images mammographiques ACR4 et ACR5 Par ailleurs, la Haute Autorité de santé (HAS) se prononce en faveur de l’intégration de l’angiomammographie double énergie dans le bilan diagnostique du cancer du sein lorsque l’IRM mammaire est contre-indiquée ou pour évaluer la taille d’une tumeur dans le cadre du bilan d’extension locorégional ou d’une chimiothérapie néoadjuvante.

Le dépistage permet une double lecture par 2 radiologues agréés

Toute mammographie normale ou bénigne est systématiquement relue par un deuxième radiologue. En 2012, 6,2 % des cancers dépistés ont été détectés par la seconde lecture. Si une anomalie est détectée, le radiologue de première lecture effectue un bilan diagnostiimmédiatement afin d’accélérer la prise en charge. La patiente sera orientée vers son médecin traitant ou son gynécologue.

Pour parfaire le dépistage, un examen clinique des seins est également réalisé par les médecins lors de la consultation ; certains cancers étant invisibles à la radiographie.

Important : même entre 2 mammographies de dépistage, les seins doivent être surveillés (en 2 ans, un cancer peut apparaître). Un auto-massage des seins régulier peut être suffisant. Sinon, une visite chez son médecin traitant ou son gynécologue s’impose.

Le dépistage individuel

Essentiel pour les femmes à risque génétique élevé

Les femmes sont libres de consulter leur gynécologue, quel que soit leur âge, et une mammographie diagnostique pourra leur être prescrite si le praticien le juge nécessaire. Mais cela peut aussi se faire à l’initiative de la patiente : 11 % des femmes de 50 à 74 ans se font dépister par cette démarche individuelle (pour la période 2021-2022).

À noter : ces mammographies sont prises en charge partiellement par la Sécurité sociale.

Les femmes ayant un risque génétique élevé et très élevé (antécédent personnel de cancer du sein, forme héréditaire de cancer du sein) sont suivies le plus tôt possible par des radiographies et des échographies qui n’entrent pas dans le cadre du dépistage organisé. Une IRM et une consultation d’oncogénétique (lien entre le cancer et certains gènes) sont également préconisées dans leur prise en charge.

À noter : depuis le 1er septembre 2016, ces femmes bénéficient d'une prise en charge à 100 % des frais de dépistage.

Les controverses sur le dépistage organisé du cancer du sein

La crainte d'une exposition aux rayons X trop importante

Le pouvoir carcinogène des rayons X est connu, mais la nocivité des mammographies réalisées au cours d’un dépistage organisé n’a pas été démontrée par des études sur une population entière. Des modélisations ont estimé que les décès par cancers radio-induits liés aux mammographies seraient pour la tranche d’âge ciblée de l’ordre de 1 à 20 cas pour 100 000 femmes participant régulièrement au programme.

À savoir : le cancer radio-induit est la conséquence de l’irradiation reçue au cours d’examens ou de traitements utilisant des rayons ionisants.

Des mesures ont été mises en place pour réduire ce risque au minimum, elles consistent essentiellement à moderniser le matériel. Le but est d’avoir la meilleure image possible permettant de détecter les plus petites anomalies avec la dose la plus faible possible de rayons X. Les installations mammographiques actuelles optimisent automatiquement la dose délivrée.

Néanmoins, on ne peut pas négliger l'irradiation liée à des mammographies répétées (parfois tous les quatre mois en cas de doute à la lecture de l'examen de dépistage).

Le surdiagnostic : le risque de traiter des femmes bien portantes

Le dépistage permet de détecter des lésions cancéreuses si précocement qu’elles ne sont pas encore des cancers. Ces lésions dites précancéreuses, les carcinomes in situ, ne sont pas toutes destinées à se transformer en cancers. Pourtant, les femmes concernées seront traitées comme les autres et subiront les mêmes inconvénients liés aux traitements lourds du cancer du sein.

L’ampleur de ce sur-diagnostic est très controversée. Selon les études les plus fiables, 25 % des femmes auraient été sur-diagnostiquées, c’est-à-dire que leur lésion précancéreuse n’aurait jamais évolué. La Haute autorité de santé (HAS) estime que le rapport-bénéfice-risque reste en faveur du dépistage organisé quand la revue Prescrire signale 3 800 surdiagnostics et autant de patientes inutilement stressées et parfois même traitées pour rien avec les effets secondaires que l'on connaît.

Bon à savoir : la recherche actuelle vise à identifier des marqueurs tumoraux permettant de différencier les pré-cancers risquant d’évoluer en cancers de ceux qui n’évolueront jamais, le but étant d’éviter de traiter des femmes en bonne santé.

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