Hormonothérapie du cancer du sein

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medicament entre deux doigts Thinkstock

 

Certains cancers du sein sont hormonodépendants, c’est-à-dire que les hormones féminines œstrogènes et progestérones stimulent leur croissance. L’hormonothérapie est un traitement médicamenteux qui empêche l’action de ces hormones sur les cellules cancéreuses. Elle est en quelque sorte un traitement thérapeutique « anti-hormones ».

Hormonothérapie du cancer du sein : principe du traitement

Pour les cancers du sein stimulés par les hormones féminines

Environ 2/3 des cancers du sein sont hormono-dépendants ; les cellules cancéreuses possèdent à leur surface des récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone. Plus ces récepteurs sont nombreux, plus la tumeur est sensible à l’hormonothérapie. Au contact de ces hormones, les cellules cancéreuses grandissent et se multiplient très vite.

Bon à savoir : c’est grâce à l’examen anatomopathologique des biopsies que les médecins déterminent si la cellule cancéreuse exprime des récepteurs hormonaux ou non.

Il existe 2 types d’hormonothérapie :

  • Le traitement systémique : les médicaments agissent sur l’ensemble du corps, donc sur toutes les cellules sensibles aux hormones.
  • Le traitement non médicamenteux : on supprime la production naturelle d’œstrogènes par les ovaires, soit en les retirant par chirurgie (ovariectomie), soit par irradiation (radiothérapie).

Un traitement complémentaire aux autres traitements

L’hormonothérapie peut être proposée en complément d'un traitement initial ou d’une chirurgie, comme traitement adjuvant, dans les cancers infiltrants non métastatiques. Elle est prescrite pendant au moins 5 ans, dans le but de réduire les récidives locales dans le sein opéré et l’apparition de métastases à d’autres endroits du corps.

L’hormonothérapie peut être prescrite avant une opération chirurgicale pour réduire la taille d’une tumeur et permettre une chirurgie conservatrice. C’est une hormonothérapie néo-adjuvante.

Quand une chimiothérapie ou une radiothérapie sont indiquées dans le traitement, l’hormonothérapie est commencée après ces traitements en général.

En cas de cancer du sein métastatique, l’hormonothérapie sera prescrite seule ou en complément d’autres traitements. Le but est de stabiliser l’évolution du cancer.

À noter : l’hormonothérapie est donc un traitement « antihormone » contrairement à la pilule contraceptive, ou aux traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, qui doivent être arrêtés en cas de diagnostic d’un cancer du sein.

Les médicaments utilisés dans l’hormonothérapie

Médicaments en cas de ménopause

Si la femme est ménopausée, ce sont les inhibiteurs de l’aromatase qui seront prescrits. Ils ne seront pas utilisés chez une femme non ménopausée.

Selon le stade et le type de cancer du sein, ces traitements sont pris par voie orale, tous les jours, pendant 5 ans ou en injection tous les 28 jours dans le cas des cancers métastatiques.

Les anti-œstrogènes

Ces médicaments empêchent l’action des œstrogènes en bloquant les récepteurs qui leur sont destinés dans le corps. Ils bloquent donc la stimulation induite sur les cellules cancéreuses.

La molécule antiœstrogène la plus connue est le tamoxifène. Ce médicament se prend par voie orale et il est disponible en pharmacie de ville. Il est prescrit aux femmes non ménopausées, comme traitement adjuvant du cancer du sein.

Il permet une réduction des récidives de cancer du sein de 42 % et une amélioration de la survie à 5 ans (baisse de la mortalité de 32 %). Au-delà de 5 ans, il n’est pas nécessaire de poursuivre le traitement, car il n’apporte plus de bénéfice à la survie.

Les effets secondaires les plus fréquemment ressentis avec le tamoxifène sont :

  • des nausées et vomissements ;
  • des bouffées de chaleur (40 % des cas) ;
  • des œdèmes ;
  • des douleurs musculaires et articulaires.

D'autres effets secondaires, moins fréquents, sont parfois observés :

  • des complications gynécologiques, comme des polypes au niveau de la muqueuse de l’utérus (l’endomètre), kystes bénins à l’ovaire, voire cancer de l’endomètre ;
  • des complications ophtalmiques (rétinopathie, cataracte) ;
  • une chute de cheveux peu importante ;
  • des problèmes de coagulation sanguine (risque thrombo-embolique) ;
  • une prise de poids, souvent associée au stress et aux autres traitements.

Bon à savoir : on constate également que le risque de diabète est sensiblement augmenté dans les deux ans qui suivent le diagnostic de cancer mammaire et le tamoxifène est un antiœstrogène connu pour favoriser la survenue de troubles de la glucorégulation après cancer du sein.

Les anti-aromatases

L’aromatase est une enzyme qui permet à notre corps de produire, après la ménopause, des œstrogènes à partir des androgènes. En empêchant son action, ces médicaments inhibent la synthèse d’œstrogènes.

Les molécules les plus utilisées sont le letrozole et l'anastrozole. Elles se prennent par voie orale, en comprimés, et sont disponibles en pharmacie de ville.

Différents effets secondaires peuvent survenir :

  • des bouffées de chaleur ;
  • une sécheresse vaginale​ ;
  • des douleurs articulaires (surtout au niveau des poignets)​ ;
  • de la fatigue​ ;
  • une diminution de la densité osseuse, avec un risque d’ostéoporose.

Les analogues de la LH-RH

La LH-RH (hormone lutéinisante) est une hormone qui bloque la synthèse d’œstrogènes par les ovaires chez les femmes non ménopausées.

Deux analogues à cette hormone sont essentiellement utilisés :

  • la goséréline, un implant sous-cutané placé dans la paroi abdominale, changé tous les 28 jours ;
  • la leuproréline, en injection sous-cutanée ou intramusculaire tous les 28 jours.

Ces médicaments font une castration chimique ovarienne qui est réversible dans les 4 semaines suivant l’arrêt du traitement. Ils permettent de « mimer » la ménopause naturelle de la femme et sont indiqués dans le traitement du cancer du sein métastasé chez les femmes préménopausées ou non ménopausées.

Les effets indésirables sont liés au blocage de la fonction ovarienne :

  • sécheresse vaginale ;
  • bouffées de chaleur ;
  • baisse de la libido ;
  • prise de poids ;
  • risque d’ostéoporose ;
  • maux de tête.

Les vertus protectrices du soja

On a constaté que la prévalence du cancer du sein était beaucoup plus faible chez les femmes asiatiques (excepté chez celles vivant en Occident). Des études ont montré que cela était notamment dû aux isoflavones que contient le soja (qui est consommé en grande quantité en Asie sous forme de lait de soja, tofu, etc.).

En effet, ils s’apparentent au 17β-œstradiol de sorte que le soja entre en compétition avec les œstrogènes endogènes (il se fixe sur les récepteurs d’œstrogènes) et jouent donc un rôle protecteur contre les cancers du sein hormono-dépendants.

L'évolution du cancer du sein chez les consommatrices de soja diffère toutefois en fonction :

  • du statut hormonal (ménopause ou non) ;
  • de l'âge par rapport  la ménopause ;
  • de la teneur en récepteurs hormonaux :
    • d'œstrogènes,
    • de progestérone,
    • d'herdeptine-2 ;
  • de la durée de consommation du soja.

L'effet protecteur du soja est plus particulièrement observé chez les femmes ayant une forte consommation essentiellement avant la ménopause. Chez celles-ci, le risque est divisé par 2 par rapport aux femmes qui en consomment le moins.

À noter : la consommation de soja au cours de l’adolescence n'a un effet protecteur que si elle se poursuit dans le temps.

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