Vivre avec un cancer du sein

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Vivre avce un cancer Jochen Sands / Getty
 

Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes, même s'il se soigne de mieux en mieux aujourd'hui. Vivre avec un cancer du sein nécessite de faire attention à soi et d'appliquer de bonnes habitudes de vie pour mieux gérer sa maladie pendant et après.

Vivre avec un cancer du sein : les soins de support

La définition précise des soins de support

Les soins de support sont définis, dans une circulaire de février 2005, par la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) :

« L’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie conjointement aux traitements oncohématologiques spécifiques, lorsqu'il y en a ».

Traitements contre le cancer du sein : pendant et après

Le Plan cancer 2014-2019 vise à une prise en charge personnalisée et globale de chaque patient atteint du cancer. Afin d'améliorer la qualité de vie des patients, des soins de support sont

  • pendant les traitements : programme personnalisé de soins (PPS)
  • après les traitements : programme personnalisé de l'après cancer (PPAC) et consultation de fin de traitement.

Vivre avec son cancer du sein : les soins de support prescrits par les médecins

La chimiothérapie, les thérapies ciblées ou encore la radiothérapie peuvent occasionner des effets indésirables qui nécessitent la prescription d'autres médicaments pour les contrer. Des soins de support sont alors prescrits et des conseils appropriés permettent de mieux vivre ces expériences le plus souvent désagréables.

Mieux supporter les anémies

L'anémie est un manque d'hémoglobine. Les médecins prescrivent de l'érythropoiëtine (EPO), qui est un facteur de croissance pour les globules rouges.

Mieux vivre les neutropénies

La neutropénie est le manque d'un certain type de globules blancs, les polynucléaires neutrophiles. Un facteur de croissance sera donc conseillé. Les patients concernés sont des personnes fragiles qui doivent éviter toute infection. En cas de fièvre supérieure à 38°, ils devront consulter immédiatement leur médecin ou leur oncologue.

Prévenir les thrombopénies

Attention au manque de plaquettes ! Les patients doivent être vigilants à tout signe d'hémorragie et éviter :

  • un saignement de nez ou de gencives (utiliser des brosses à dents très souples) ;
  • la présence de sang dans les selles (selles très noires) ;
  • les chocs, les coups et les coupures ;
  • les médicaments anti-inflammatoires, comme l'ibuprofène et l'aspirine.

Mieux supporter la douleur

Les médecins prescrivent des médicaments antidouleur les plus adaptés au cas de chaque patient. Selon la douleur, il existe pour cela différents niveaux de force des antalgiques, appelés paliers (1, 2 ou 3). Ils peuvent recommander également des co-analgésiques, comme des décontractants musculaires, des antidépresseurs, notamment pour les douleurs neuropathiques.

Mieux gérer les nausées et vomissements

Particulièrement désagréables et handicapants au quotidien, les nausées et les vomissements peuvent toutefois être atténués :

  • des médicaments peuvent être prescrits en prévention, la veille de la chimiothérapie, pour une meilleure maîtrise des nausées, avec ou sans vomissements ;
  • l'acupuncture permet également de diminuer l'intensité des nausées, pratiquée la veille de la chimiothérapie ou juste après ;
  • la relaxation et la sophrologie aident enfin à supporter ce type d'effet indésirable.

Voici quelques conseils utiles et habitudes à adopter qui permettent généralement de mieux gérer les nausées :

  • boire de préférence entre les repas ;
  • fractionner les repas et manger doucement ;
  • manger froid ou tiède et privilégier les aliments peu gras à saveur peu prononcée ;
  • rester en position assise pendant 30 minutes après les repas ;
  • sucer un glaçon, en cas de nausées brutales.

Mieux vivre les diarrhées

La diarrhée est un effet secondaire très fréquent des traitements du cancer du sein. Les médecins recommandent bien entendu des médicaments anti-diarrhéiques. Mais un certain nombre de précautions peuvent être prises pour minimiser la diarrhée :

  • arrêter la caféine, l'alcool, les épices, produits laitiers, graisses, légumes, fruits secs et jus de fruits ;
  • s'hydrater très souvent et par petites quantités ;
  • fragmenter les repas et privilégier le riz, la banane, le coing et la carotte.

Mieux vivre la constipation

La constipation peut être un des effets secondaires des médicaments antidouleur. La prescription de laxatifs doux est efficace et on peut y associer quelques conseils, comme :

  • favoriser les légumes verts, fruits et céréales complètes ;
  • boire suffisamment tout au long de la journée ;
  • pratiquer une activité physique (la marche par exemple).

Mieux vivre les mucites

Pour prévenir ces inflammations de la bouche, parfois très douloureuses, quelques règles sont recommandées :

  • consulter son dentiste pour vérifier l'état de sa dentition avant de commencer la chimiothérapie ;
  • avoir une bonne hygiène buccale et utiliser une brosse à dents souple ;
  • utiliser des dentifrices fluorés et pratiquer des bains de bouche à base de bicarbonate de calcium au moins 4 à 6 fois par jour (sur prescription médicale) ;
  • préserver la salivation en suçant des glaçons ou des bonbons sans sucre ;
  • pulvériser de l'eau minérale dans la bouche pour la maintenir toujours humide ;
  • lubrifier régulièrement les lèvres avec un stick hydratant ou de la vaseline ;
  • éviter les aliments trop chauds, croquants, durs ou épicés (qui peuvent blesser la bouche).

Mieux vivre la toxicité cutanée des traitements

Il est important de se protéger et de prendre soin de sa peau fragilisée.

Choisir des cosmétiques adaptés :

  • hypoallergéniques ;
  • sans alcool ni parfum ;
  • sans paraben et contrôlés en nickel (allergisant).

Se protéger du soleil :

  • pour la chimiothérapie, pendant le traitement et jusqu'à un an après son arrêt ;
  • pour la radiothérapie, pas de soleil ni d'UV à vie sur la zone irradiée.

Prévenir le syndrome main pied :

Il s'agit d'un syndrome observé avec certains traitements de chimiothérapie ; les pieds et les mains deviennent rouges et douloureux. Il faut :

  • éviter la chaleur, les frottements, les pressions ;
  • hydrater régulièrement les mains et les pieds ;
  • les tremper dans l'eau froide, plusieurs fois par jour.

Prévenir les atteintes des ongles :

Les ongles deviennent fragiles, douloureux et peuvent même se décoller. Il est essentiel de :

  • les protéger du soleil (vernis fortifiant avec protection solaire) ;
  • les protéger des chocs (gants pour les travaux ménagers) ;
  • utiliser des moufles réfrigérées prévues à cet effet pendant la chimiothérapie à l'hôpital ;
  • utiliser des dissolvants sans acétone.

Mieux vivre la chute des cheveux

Pour minimiser le plus possible la chute de cheveux, qu'on appelle l'alopécie :

  • espacer le brossage et le lavage des cheveux ;
  • utiliser un shampoing très doux et de l'eau tiède ;
  • éviter le sèche-cheveux et oublier les brushing ;
  • arrêter les colorations et permanentes.

Les protocoles utilisés dans le cancer du sein donnent en majorité une chute de cheveux ; il est difficile d'éviter complètement l'alopécie. Il est d'ailleurs généralement conseillé de se faire couper les cheveux très courts avant une chimiothérapie.

Bon à savoir : les équipes soignantes disposent un casque réfrigérant sur la tête des patientes, pendant les séances de chimiothérapie. Il limite la diffusion des produits dans les cheveux et leur impact négatif.

Prévenir le lymphœdème dit le « gros bras »

La chirurgie du cancer du sein, surtout en cas de curage axillaire, fragilise le réseau de vaisseaux lymphatiques et empêche la lymphe de circuler normalement. Elle s'accumule dans le bras et provoque un œdème qu'on appelle le « gros bras ».

Il survient en général dans les 12 à 18 mois après l'intervention chirurgicale. Pour éviter au maximum son apparition, des conseils sont souvent prodigués :

  • éviter le port de vêtements trop serrés ;
  • éviter de se coucher du côté opéré (dormir sur le dos avec le bras surélevé) ;
  • ne pas porter de charges lourdes avec le bras du côté opéré ;
  • protéger ce bras en portant des gants pour le bricolage et le jardinage ;
  • éviter de prendre sa tension artérielle du côté opéré ;
  • désinfecter toute plaie ou égratignure sur le bras le plus rapidement possible.

Zoom sur la prescription de prothèses mammaires externes

Elles sont fréquemment prescrites, en attendant une reconstruction mammaire ou pour rééquilibrer le buste, si on choisit de ne pas faire cette reconstruction.

Vivre avec son cancer du sein : les soins de support complémentaires

Un certain nombre de soins de support et d'accompagnement existent pour mieux vivre son cancer.

Se faire aider socialement

Il est important et possible d'obtenir des aides matérielles pendant et après l'hospitalisation, y compris financières (selon l'âge et les revenus du patient). Il est également recommandé de solliciter des aides pour la reprise d'une activité professionnelle (comme des ateliers de retour à l'emploi).

Plusieurs endroits où il est possible de se renseigner :

  • auprès de l'assistante sociale de l'hôpital ;
  • auprès de sa mutuelle, qui peut prendre en charge certains frais supplémentaires ;
  • pour les plus de 60 ans, dans les centres locaux d'information et de coordination (CLIC) de sa région ;
  • au centre communal d'action sociale (CCAS) de sa commune ;
  • auprès des réseaux de soin, présents dans chaque département de France, comme les réseaux ONCO (ONCO94, ONCOAuvergne, ONCO Basse-Normandie, etc.) et les comités départementaux de la ligue contre le cancer.

Se faire aider psychologiquement

À l'hôpital ou en ville, les psychologues aident les patientes à mieux gérer leur cancer du sein. Il existe aussi des groupes de paroles mensuels (le plus simple est de prendre contact avec les réseaux de son département).

Se faire aider sur le plan de la nutrition

Les diététiciennes, en ville ou à l' hôpital, ont également un rôle essentiel dans l'accompagnement des patients pour informer, équilibrer leur régime alimentaire et prévenir l'obésité.

Cela est d'autant plus important que le risque de diabète secondaire au cancer est sensiblement augmenté dans les deux ans qui suivent le diagnostic.

Se faire aider pour gérer sa fatigue

Pendant ou après un cancer du sein, la fatigue devient souvent très invalidante. Le meilleur moyen de lui barrer la route, c'est de pratiquer une activité physique !

Bon à savoir :  une étude a montré qu'un programme d'exercices aérobiques et de résistance de trois mois (à raison d'une à deux séances de 30 à 40 minutes par semaine) permettait de récupérer beaucoup plus rapidement de la fatigue liée à la radiothérapie ainsi qu'une amélioration notable de la qualité de vie.

Il existe des clubs ou associations spécialisées et dédiées aux activités physiques spécifiques liées au cancer :

Par ailleurs, les médecins ont la possibilité de prescrire un ensemble de bilans et de consultations aux patients bénéficiant d’une ALD dans le cadre de leur parcours de soins global après le traitement d’un cancer. Ce parcours comprend notamment un bilan fonctionnel et motivationnel d’activité physique adapté (APA), pouvant donner lieu à l’élaboration d’un projet d’activité physique adaptée.

Se faire aider pour reconquérir l'estime et l'image de soi

Il existe des ateliers d'esthétique, collectifs ou individuels. Il suffit de se renseigner auprès des réseaux de son département.

L'association Belle et Bien (www.bellebien.fr) est connue pour son accompagnement des patientes dans la reconquête de l'estime de soi, indispensable pour leur reconstruction psychologique.

Vivre après son cancer du sein : l'après-cancer

Pour bien vivre son après-cancer du sein, il est important d'adopter de bons réflexes au quotidien, et surtout une bonne hygiène de vie, en luttant principalement contre trois facteurs prédisposant aux récidives :

La prise de poids

L'obésité augmente les risques de récidives, de 2e cancer et de mortalité. Les femmes prennent en moyenne entre 2 à 4 kg la première année, voire 12 kg après une chimiothérapie, surtout les femmes non ménopausées. Une alimentation équilibrée associée à une pratique physique régulière permet de réguler le poids.

La sédentarité

L'activité physique diminue le risque de récidive, surtout si elle est d'intensité modérée et régulière (2 à 3 fois par semaine). Elle permet aussi de lutter contre la fatigue et améliore le moral et les capacités physiques. Elle réduit également les effets secondaires des traitements.

La fatigue

Symptôme le plus fréquent et souvent le plus mal vécu, la fatigue est parfois très invalidante. Elle apparaît au cours du traitement et peut aussi survenir jusqu'à 10 ans après. C'est la pratique régulière d'une activité physique qui permet de lutter au mieux contre cette fatigue.

Grossesse et cancer du sein

Avoir un cancer du sein n'empêche pas d'être enceinte.

Toutefois, les tumeurs diagnostiquées en cours de grossesse sont généralement plus évoluées (grade III ou IV). De fait, le risque de mortalité à 5 ans est très légèrement plus élevé que chez les autres malades.

En revanche, après un cancer du sein, une grossesse ne favorise pas les rechutes. On observe même une augmentation remarquable du taux de survie (plus de 95 %) chez les femmes ayant accouché plus de 6 mois après avoir été traitée pour leur cancer.

Compte tenu des variations hormonales liées à la grossesse, on recommande généralement d'attendre entre six mois et deux ans avant d'envisager de faire un enfant suite à un traitement du cancer du sein.

Ces pros peuvent vous aider